Le bal retrouvé
Où sont cricris, balançoires, grandes roues ; fanfares, airs populaires, guinguettes, pommes d’amours ; le grand facteur sur sa bicyclette, « jour de fête »...
Où est le jour ?
Lampions, confettis ; aux orties ? Boules à facettes, cheveux gominés, casquettes en arrière ; râpés ? Jabots, pattes d’éph, « stayin’ alive », yéyés, yoyos, yaourt and roll ; périmés ? « La valse triste » de Sibelius, « le dernier tango... » ; où sont les slows - et ma chemise grise... « Mille sabords » !
Où se cachent les amoureux de Peynet, dans quel square, dans quel stade, dans quel squat, dans quelle sitcom ; où est l’homme un peu saoul mais si rigolo racontant son histoire en se roulant un mégot, « singe en hiver » , où sont ces « aristos » , cet art de vivre ce que l’on peut, sans rougir, sans trembler ;
Où sont juke-boxes, stéréo, ces petits orchestres qui jouaient un peu faux, pianos rythmant la tendre bagarre de Don Camillo ou de quelques cow-boys déjà K. O.
Le temps passait comme le petit autorail, comme le train-train dans la petite lucarne, comme un petit coquelicot ; grand-mère faisait du tricot, ses meubles craquaient comme du pain de campagne, le coq chantait, le lapin était agile, il faisait beau.
Où sont passés les réveils qui faisaient tic-tac, qui tapaient un peu sur les nerfs, les vrais croissants chauds, la craie sur le tableau ; où sont nos encriers, les bons mots, les fautes pardonnées, la parole donnée, le petit mot pour le facteur sur la lettre des amoureux.
« Mais où sont les neiges d’antan ? », certes... Où est l’été ? Grand rétros, caravanes, routiers sympas, « bison futé », bronzés sans U.V., dans leur cabine Apollo ; Bécassine au bord de la mer, la plage est sous quels pavés déjà ?
Qui marche encore dans les chemins vicinaux, grand Georges, Hélène a perdu ses sabots, Perrette prend de l’ U.H.T., le pot au lait rouille au Lachaise des ustensiles. Où est le King, où est Luther, le mélange des couleurs, la lutte des classes, le catch à la télé.
Où sont les vainqueurs ?
Où sont les jeux pacifiques, les fiches de Guy Lux, Zitrone sympathique qui en fait « trot », « la bonne du curé », « le zizi » de Perret, où est l’humour sans la méchanceté ? Où est « la chienlit » lorsqu’elle était encore humaine, « le petit rapporteur » , la chaleur, « les plaisirs démodés » d’Aznavour, « la Javanaise » de Gainzbourg, « Le petit bal perdu » peut-être retrouvé d’André Raimbourg, où est notre enfance, boîte à meuh dans la poche, souvenirs d’enfants de chœur, copains de régiment, aujourd’hui les hommes sont autrement .
La nostalgie n’est pas une petite lampe de poche lorsqu’elle vient à la rencontre du présent. Il ne fait jamais noir ni partout, ni en toute chose, « il est là le bonheur » nous dit la chanson.
Attendez ! Je clique pour vérifier....
A. Garbuio.